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World Politics
28 décembre 2013

La nécessaire réforme pour l’éradication de la torture en Tunisie

Cela fait maintenant plus d’une semaine que Walid Denguir, 32 ans est décédé dans des circonstances plus que troublantes.
 
Le jeune homme qui aurait eu un casier judiciaire assez rempli, est décédé le 1er Novembre 2013 dans un poste de police à Tunis, quelques heures seulement après avoir  été appréhendé  par des policiers pour une affaire d’usage et trafic de cannabis et association de malfaiteurs.
La famille de la victime soupçonne de suite  que la mort de Walid Denguir est due à des actes de tortures. Leurs craintes seront vérifiées dès le lendemain lorsqu’ils  auront l’occasion de récupérer le cadavre de la victime.
 
Les proches du défunt font alors appel à Radhia Nasraoui , célèbre activiste et présidente de l'Organisation contre la torture en Tunisie et à un photographe afin de prendre quelques photos avant que le corps de la victime ne soit enterré.
 

 

Très vite, les photos du corps ensanglanté font le tour de la planète web, les commentaires s’enchainent, les langues se délient, la polémique enfle. Pour Radhia Nasraoui, il ne fait pas l’ombre d’un doute que Walid Denguir a été torturé. « J'ai vu le cadavre avec des traces horribles, des dents cassées, le crâne comme défoncé, du sang qui s'était écoulé du nez et des oreilles Il avait une grosse bosse derrière l'oreille, et des traces bleues au niveau des poignets, des chevilles et derrière les genoux, comme s'il avait subi la torture du poulet rôti », déclare t'elle au journal français Le Monde, visiblement effarée par ce qu’elle vient de voir. Même son de cloche chez  Zied Ben Taleb, le photographe qui a pris les clichés, « Il a reçu des coups très graves, il a dû être tiré ou accroché. »
 
En dépit de la gravité des faits, aucune réaction n’émanera sur le champ des autorités en place. Il faudra même attendre  le lundi 4 novembre 2013, soit plus de 48 heures après les faits  pour que le ministère de l’intérieur se décide à ouvrir une enquête judiciaire et administrative pour déterminer les circonstances exactes de la mort de Walid Denguir…
 

 

Pire encore, les résultats préliminaires de l’autopsie concluront  que la mort est due à un arrêt cardiaque survenu suite à une overdose de drogues. Quant aux traces de coups ou de pratique de torture,  le même rapport précise qu’elles ont été occasionnées lors de la pratique de l’autopsie proprement dite.
Bien évidemment, ce rapport préliminaire est loin de faire l’unanimité même parmi les spécialistes. Pour Sami Abid, médecin psychiatre et addictologue, ce résultat d'autopsie est  tout simplement "faux". Dans une déclaration à l’hebdomadaire français Nouvel Observateur, il déclarera : "On ne connaît pas de dose mortelle au cannabis, sauf pour de petits animaux selon certaines études pratiquées en laboratoire sur des souris. Il existe un risque létal en cas de surconsommation chez les petits mammifères, non, d'ailleurs, par arrêt cardiaque, mais par dépression du système nerveux central...", assure le médecin, ajoutant en outre que "pour provoquer la mort d'un homme il faudrait l'ingestion d'environ 10 kg à 21 kg de cannabis selon la concentration".

 

 

Durant les années Ben Ali, la violence était courante dans les commissariats et la crainte est grande de voir ces pratiques perdurer dans la Tunisie d'aujourd'hui. Faut dire que rien n’a été fait pour essayer d’éradiquer de façon définitive la torture dans les centres de détention.


Depuis la révolution du 14 Janvier 2011, bon nombre d’affaires de torture ont émergé.
Toute la Tunisie a encore en mémoire les cas d’Abderraouf Khamessi décédé le 8 septembre 2012, après avoir été torturé au siège de la brigade de la police judiciaire de Sidi Hassine à Sijoumi et de Mariem, violée par 3 policiers lors d’un contrôle de police. Chaque fois, le même procédé se répète, le ministère de l’Intérieur lance une enquête et les agents auteurs de ces dépassements sont sanctionnés et punis pénalement. S’il convient de se féliciter pour  ces sanctions prises à l’encontre de ces agents fautifs, n’y a-t-il  pas à s’interroger sur la nécessité d’une profonde réforme dans la formation des agents de l’ordre et dans le système carcéral en général et ce afin d’éviter de nouveaux drames.
 
Qu’attendent nos responsables actuels pour lancer cette profonde réforme ? 
C’est aux gouvernants actuels et futurs de prendre toutes les mesures nécessaires afin d’éradiquer la torture, à défaut de cela, d’autres Abderraouf Khamessi et Walid Denguir viendront s’ajouter à une liste déjà  beaucoup trop longue…
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